Dossier pédagogique de l'exposition "Tisser l'imaginaire"

Dossier pédagogique de l'exposition "Tisser l'imaginaire"

Du 19 octobre 2024 au 5 mars 2025

Présentation de l'exposition

Construite en partenariat avec le Mobilier national, l’exposition explore la notion d’Imaginaires dans l’art de la tapisserie. Récit d’aventures imaginaires transposées, illustration de contes et de fables, exploration de sentiments, de visions de l’esprit, représentations d’ailleurs imaginés ou rêvés, l’exposition montre les différentes formes que peut prendre l’imaginaire selon les artistes et les époques.

Elle invite à parcourir des Imaginaires prenant des formes aussi bien figuratives qu’abstraites, permettant au visiteur de se déconnecter un temps du monde réel, pour déambuler dans un Ailleurs enchanté qui mêle tapisseries anciennes et modernes.

HISTOIRE DU MOBILIER NATIONAL ET DES MANUFACTURES

Le Mobilier national, créé en 1870, est issu de l’ancien Garde-Meuble de la Couronne instauré en 1604 par Henri IV. L’institution est rattachée en 1959 au Ministère de la Culture. Le Mobilier national conserve, répare et entretient 130 000 objets mobiliers et textiles. Il regroupe un ensemble de métiers et de services : lustrerie, ébénisterie, création de meubles, atelier de restauration…. Sa mission est de contribuer à l’ameublement et à la décoration des palais nationaux et hauts lieux de la République. C’est une institution sans équivalent à l’étranger qui participe au rayonnement de la France en mettant à l’honneur un savoir-faire d’excellence. 

Le service de création artistique soutient l’art de son temps en commandant des œuvres à des artistes vivants. Dans des bureaux du palais de l’Élysée par exemple, les boiseries et dorures anciennes côtoient des créations contemporaines. 

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La tapisserie au fil du temps

La création des manufactures

En 1937, les manufactures nationales de tissage des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie sont rattachées au Mobilier national. Anciennement manufactures royales, c’est en 1627 sous Louis XIII que se met en place la manufacture de la Savonnerie (implantée dans une ancienne fabrique de savon d’où son nom) pour la fabrication de tapis ; par la suite, en 1662 et 1664, Colbert crée deux lieux de production de tapisseries, Beauvais et les Gobelins. 

Le tissage sur métier est une pratique qui remonte à l'Antiquité, et qui a connu un vif succès au Moyen Âge et à la Renaissance (tapisserie de la dame à la licorne, tapisseries mille-fleurs…). Au XVIIe siècle, Colbert instaure une véritable politique de création afin de limiter les importations. Les œuvres servent à parer les résidences royales et de cadeaux diplomatiques. Les manufactures connaissent alors une période florissante et les exportations s’effectuent dans toute l'Europe, voir jusqu'en Chine. Au plus près de l’art de leur temps, les œuvres sont réalisées d’après des modèles originaux d’artistes de renom comme Charles Le Brun ou Nicolas Poussin...


Le déclin de la production

Au XVIIIe siècle, hormis les thèmes habituels : mythologiques, religieux et historiques, les sujets s'adaptent à l'air du temps et sont plus légers ; le genre pictural des « fêtes galantes » s’imposent. 

Cependant la production de tapisserie commence à péricliter vers la fin du siècle et tout au long du XIXe siècle. C’est durant cette période que de vastes appartements ou des maisons de villes remplacent progressivement les châteaux et palais. Afin de s’adapter à cette mutation, les tapisseries deviennent plus petites. Le non renouvellement des sujets participe également à ce déclin. En effet, les tapisseries de style perdurent jusqu’au début du XXe siècle, les manufactures ne s'appropriant pas l'évolution des arts. 


Le renouveau de la tapisserie

Le XXe siècle est marqué par un renouveau de l'art de la tapisserie qui se produit en plusieurs temps. Dans les années 1920-30, c’est par l'intermédiaire de collectionneurs comme Marie Cuttoli, que de nombreux artistes tels Picasso, Dufy, Miro… se tournent vers la création textile. À cette époque, les œuvres sont tissées dans des ateliers privés à Aubusson et à Felletin.

Il faut attendre l’arrivée d’André Malraux à la tête du ministère des Affaires Culturelles, pour que soit impulsée une véritable dynamique de création. Dans une optique de transversalité des arts, le choix est fait de travailler en lien avec des artistes issus de différentes disciplines : peintres, architectes, sculpteurs… C’est ainsi que l’architecte Le Corbusier et le sculpteur Calder sont proposés. Pour concrétiser ces objectifs, la commission d’acquisitions du service de la Création artistique, est créée. Son travail permet au fur et à mesure des années de faire entrer dans les manufactures la plupart des grands mouvements de l’art du XXe siècle. 

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Nathalie JUNOD-PONSARD (née en 1961), Mirage, Velours, Mobilier national, 2020

UN SAVOIR-FAIRE AU SERVICE DE L'EXCELLENCE

Les étapes de transposition d'un modèle

Contrairement au tapis conçu pour être positionné au sol et qui n’a pas de sens de lecture, une tapisserie, placée au mur, doit offrir un sens de lecture à notre regard. La tapisserie ou le tapis sont des œuvres réalisées à la main par des artisans liciers à partir d’un modèle créé par un artiste.

La transposition d'une œuvre d'art contemporaine en tapisserie est nécessairement collective, elle est portée par le licier qui se fait l'interprète de l'artiste. Le dialogue est indispensable afin que ce dernier comprenne les impératifs techniques du tissage et que le technicien d’art saisisse l'intention intime de l'artiste. Les nombreux échanges portent tout d'abord sur l'agrandissement du modèle de l'artiste à la taille réelle de la future tapisserie, c’est le carton. Cette étape engendre des déformations qu'il faut corriger afin d'obtenir le bon rapport d’agrandissement. Il est aussi nécessaire d'échanger sur les couleurs, ce travail s'effectuant à partir du modèle orignal. 

Un ou plusieurs essais techniques sont alors réalisés et proposés à l'artiste qui fait ses choix d'interprétation et de couleurs, c’est l'échantillonnage. 


Couleur et technique

Les fils de laine sont teints à la demande pour chaque tapisserie ou tapis. Les teintures destinées aux manufactures nationales sont effectuées dans l'unique atelier de teinture, celui des Gobelins à Paris. Elles sont faites sur la base de la trichromie, bleu, jaune et rouge, avec des colorants synthétiques. On y dénombre plus de 20 000 coloris. Le choix infini de couleurs permet de riches palettes, un travail tout en nuance.

La structure d’une tapisserie est constituée de fils de chaîne tendus sur le métier à tisser. Ils sont entièrement recouverts par la trame. Cette dernière est tissée au nœud plat qui consiste à passer une broche ou une flûte chargée de laine entre les fils de chaîne. 

L'artisan tisse à contre-jour et sur l’envers de la tapisserie en contrôlant l’endroit au moyen d’un miroir. Pour se repérer pendant le travail, le licier a pris soin de transférer avec un bâton encré, sur les fils de chaîne, l’image inversée du modèle.

Aux Gobelins, le métier à tisser est placé verticalement. Un fil sur deux de la chaîne, est relié à une cordelette en coton, la lice. En l'actionnant avec la main, on permet le croisement des fils nécessaire au tissage de la trame. Le licier est assis derrière son métier vertical dit de haute lice. 

À Beauvais, le métier à tisser est disposé en position horizontale, on parle de basse lice. Tous les fils de chaîne sont reliés à des lices paires ou impaires. Le licier les actionne au moyen de pédales. 

 Le licier dispose d’un certain nombre de techniques lui permettant de choisir et de proposer une transposition du modèle. Il peut les composer à l’infini, comme le musicien avec la gamme de sept notes. Le choix s’effectue en fonction du rendu souhaité (aplat, chiné, battage) ou de l’effet visuel recherché (transparence, superposition). Le Battage consiste à faire s’interpénétrer les fils de la trame, ce qui fait apparaître des hachures. Cette technique permet de créer des dégradés de couleur. Elle est visible sur la tapisserie 

Pour créer des mélanges de couleur, le licier réalise un chiné. Il met sur sa broche des fils de couleur différentes. Le choix du chiné sert à produire des effets de relief et matière très intéressants. Il en résulte aussi des effets optiques. Ceci évite l'aspect uniforme d'une tapisserie uniquement tissée par aplats.

Lexique des termes techniques

Basse lice : le métier à tisser est disposé horizontalement. Le tissage s'effectue sur l'envers.

Broche : la broche, appelée aussi « flûte » à Beauvais est un outil en bois. Elle sert à passer le fil de laine ou de coton pour former la trame. 

Carton : modèle à grandeur d'exécution du tissage à effectuer.

Chaîne : ensemble des fils de laine ou de coton tendus entre les deux ensouples du métier. 

Échantillonnage : travail consistant à établir les gammes colorées. 

Ensouple : cylindres en bois ou en fonte qui assurent le maintien et la tension de la chaîne.

Haute lice : le métier à tisser est placé verticalement.

Kilotage : quantité de laine à teindre pour chaque œuvre.

Lice ou lisse : cordelette de coton enserrant chaque fil de chaîne en basse lice et les fils impairs en haute lice et permettant l'ouverture de la chaîne en deux nappes.

Ourdissage : préparation des fils de chaîne et leur installation sur les ensouples.

Point plat : technique employée dans la fabrication des tapisseries.

Tombée de métier : opération qui consiste, avec une paire ce ciseaux, à sectionner les fils de chaîne qui fixent l’œuvre tissée au métier pour la libérer.

Trame : fils passés horizontalement et alternativement au dessus et en dessous des fils de chaîne.

Définition de l'imaginaire

IMAGINAIRE adjectif et nom masculin

Étymologie : XVe siècle. Emprunté du latin impérial imaginarius, "d’image ; qui existe en imagination". L'imaginaire peut être défini sommairement comme le fruit de l'imagination d'un individu, d'un groupe ou d'une société, produisant des images, des représentations, des récits ou des mythes plus ou moins détachés de ce qu'il est d'usage de définir comme la réalité.

Depuis quand y a-t-il de "l’imaginaire" ? Ce terme appartient aujourd’hui à la langue commune. Les glossaires, les lexiques spécialisés lui ont fait une place de choix ; les publications savantes en font désormais un usage constant. Pourtant l’emploi de ce mot est récent. Il appartient au vocabulaire spécifique des sciences humaines, surtout à partir de la première moitié du XXe siècle. 

Deux philosophes français ont en effet consacré à l’Imaginaire une part importante de leur œuvre. Les titres de leurs travaux en portent témoignage : pour Jean-Paul Sartre, L’Imagination ou encore L’Imaginaire et pour Gaston Bachelard, L’Eau et les rêves : essai sur l’imagination de la matière…  Dans leur théorie sur l’imaginaire, peu de points communs. Ce sont plutôt les différences qui frappent, au point qu’on pourrait se demander s’ils ne représentent pas deux des directions opposées de la réflexion sur l’imaginaire. Pour Sartre, l’imaginaire échappe à la solidité, à l’objectivité du réel et à la conscience lucide et libre, dont la tâche est de construire un monde à l’abri de toutes les fantasmatiques qui aliènent. Son point d’étude s’attache à l’ego du créateur d’imaginaire pour en trouver la clef ! Au contraire, chez Bachelard, l’imaginaire, est un monde plein, se rapprochant davantage d’une vision romantique, à la fois divine et magique, un monde qui libère de toutes contraintes réelles, qui peut s’apparenter au désordre voire à l’explosion. Et il porte, en particulier, un regard neuf sur l’image, les images constituantes de l’imaginaire d’une société. 

Et dans le domaine purement artistique, l’imagination est-elle toujours à la source de la création ? 

Le dictionnaire Larousse nous donne une définition de l’imagination : "Faculté de l’esprit d’évoquer, sous forme d’images mentales, des objets ou des faits connus par une perception, une expérience antérieure". C’est d’ailleurs un lieu commun que de croire que les artistes ont une imagination privilégiée. L’imagination serait pourtant un processus simple : il suffirait de fabriquer une image dans la tête et de la reproduire (en mots, en formes dessinées ou sculptées…). Tout le monde peut le faire. Mais on peut décortiquer la définition pour mieux comprendre le rôle de l’imagination dans la création artistique : pour évoquer sous forme d’images mentales quelque chose, il faut passer par la perception ou par une expérience antérieure. Les artistes passeraient donc leur temps à développer leur perception, à vivre des expériences pour avoir un matériau de travail, à nourrir leur imaginaire. Et c’est là que la différence se fait entre ceux qui s’y consacrent et les autres.

Imaginaire collectif : MYTHOLOGIES, contes et légendes 

Toutes les civilisations humaines se sont forgées sur des récits fondateurs dont certaines caractéristiques peuvent se retrouver d’un endroit à l’autre dans le monde. Ces récits nourrissent ce que les grecs antiques désignaient sous le terme de « doxa », c’est-à-dire l’ensemble des croyances, opinions, images, idéologies, comportements qui constituent la perception de la réalité des individus. Elle existe sous une forme personnelle -propre à chacun-, collective -partagé au sein d’une communauté ou d’un groupe d’individu- ou universelle -commune à tous les êtres humains-. Ces deux dernières versions peuvent être qualifiées d’imaginaire collectif.

Les histoires qui le construisent prennent des formes diverses selon le temps et l’espace géographique concernés. Elles sont issues d’une tradition orale et sont transmises de génération en génération. On peut en distinguer plusieurs typologies :


Un mythe a une fonction explicative sur la création du monde (on parle de cosmogonie), l’origine de l’espèce humaine et des divinités mais également sur les phénomènes naturels, le statut des individus et la construction des sociétés. Il met souvent en scène des dieux, des déesses, des créatures chimériques et des héros, évoluant parfois dans d’autres mondes, avec une dimension relevant du merveilleux et du symbolique. On retrouve des archétypes de sujets ou de personnages similaires d’un espace culturel à l’autre. Ces mythes se déroulent dans un temps primordial, non identifié et hors de l’Histoire.

La Genèse dans la Bible pour la civilisation chrétienne, l’Illiade et l’Odyssée pour la civilisation grecque, ou encore l’Edda poétique pour la civilisation nordique sont autant d’exemples de récits qui relèvent du mythe. 

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André DERAIN (1880-1954), L’âge d’or, Laine et textile, Mobilier national, 1966

Le mythe de l’Age d’Or a été une source inépuisable d’inspiration pour les artistes à partir de la Renaissance. Il trouve son origine au VIIe siècle avant notre ère avec Les travaux et les jours du poète grec Hésiode. Il y décrit un temps premier où les humains vivent sans vieillir, dans une parfaite harmonie avec la nature. Inspirant des générations d’artiste, le mythe est repris ici dans cette tapisserie, œuvre d’André Derain (1880 -1954). 

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Apparition du Saint Graal aux chevaliers de la Table ronde, BnF, 1470

Une légende est un récit qui donne des explications sur le monde environnant, alerte de dangers, donne parfois des indications. Elle est généralement associée à un lieu, des personnages, des moments bien précis pour s’ancrer dans le présent et ainsi répondre à des interrogations voire à des angoisses humaines. Elle maintient souvent un lien étroit avec un territoire et a un rapport ambiguë avec la réalité en entretenant le doute sur la véracité de ce qu’elle raconte. 

Le roi Arthur et les chevaliers de la Table Ronde, le monstre du Loch Ness ou l’Atlantide sont des exemples célèbres de légende. 

Jean VEBER (1864 – 1928), Le Petit Poucet, 1920. Laine et soie H 2,65 x L5,51 m

Jean VEBER (1864 - 1928), Le Petit Poucet, Laine et soie, Mobilier national, 1920

Un conte a un contenu davantage défini, d’autant que les plus célèbres d’entre eux ont été fixés par écrit dans les ouvrages de Charles Perrault, des frères Grimm ou encore de Hans Christian Andersen. Il suit des règles précises : l’usage de formules introductives et finales, situe l’action dans un monde imaginaire voire parallèle, met en scène des personnages stéréotypés dans des lieux et un temps indéfinis. Il se structure autour d’un parcours initiatique avec une situation initiale, un élément perturbateur, des péripéties, un dénouement puis une situation finale. On en distingue plusieurs sortes : conte de fées, conte philosophique ou encore conte fantastique. 

Le petit chaperon rouge, Les milles et une nuit ou La petite sirène sont des exemples de contes. 

Le Petit Poucet, conte écrit par le célèbre Charles Perrault, est le thème de cette tapisserie mesurant plus de 5 mètres de long. Le peintre et lithographe Jean Veber (1864 -1928) nous invite à suivre l’aventure du Petit Poucet et de ses frères à travers plusieurs séquences, dans un foisonnement de détails et de couleurs. 

L’imaginaire : un univers sans limite

A partir du début du XXe siècle, certains peintres s’affranchissent de la représentation de la réalité (Kandisky, Mondrian..). Cette liberté a ouvert les portes d’une approche totalement inédite laissant libre cours à leur imagination. C’est la naissance de l’abstraction. Abandonnant le monde visible pour une vision sensible de leur intériorité, pour une pensée spirituelle ou une démarche purement formelle, les artiste produisent depuis des œuvres abstraites d’une grande diversité. 

André Masson (1896-1987), peintre, graveur et illustrateur est l’une des grandes références de l’art du XXe siècle. D’abord influencé par le Cubisme, il participe au mouvement surréaliste à partir de 1923. Dans les années 1940, son travail inspire les jeunes   expressionnistes abstraits américains et tout particulièrement de Jackson Pollock. 

Le thème des germinations et des éclosions parcourt l’œuvre de Masson. Ses dessins automatiques évoquent la faune, la flore et l’être humain. L’œuvre présentée ici est révélatrice de son style. Des formes organiques et des lignes ondulées se distinguent sur un fond brun constitué de hachures. Celles-ci sont réalisées par la technique du battage évoquée précédemment. Les nuances de bleu, de jaune ou d’orange prédominent. 

La toile à l’origine de cette tapisserie avait été spécialement conçue pour être tissée. Elle fait partie de ses tableaux de sable, procédé dont il est l’inventeur à partir de 1926. Il consiste à apposer sur le support du sable de différentes couleurs avec de la colle. 

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Bertrand DORNY (1931-2015), GR n°2 ou Les chemins de grande randonnée, Laine, coton, Mobilier national, 1989

Au delà des récits sur lesquels s’appuient les artistes depuis des siècles, certains d’entre eux continuant à rendre compte du monde visible proposent dans leurs œuvres des univers décalés, oniriques ou fantastiques poursuivant ainsi l’exploration de l’imaginaire. 

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Jean LURÇAT (1892-1966), La petite peur, Laine, teinture synthétique, Mobilier national, 1953

pistes pédagogiques

La tapisserie

 - Un art textile : origine de la laine, du fil, de la matière...et des gestes associés : nouer, tisser, tresser, coudre, broder, teindre…

 - Découvrir les différentes étapes de la création de la tapisserie : création du carton, reproduction, notions d'échelle, -d'agrandissement, de mise au carré…

 - Expérimenter, observer et interpréter le rôle du dessin (du carton) dans la tapisserie : penser "à l'envers", jouer sur les contrastes, les textures…, identification de la part du hasard, de celle de l’intention.

 - Différencier le geste du peintre du geste du lissier

 - Faire le lien entre l’action, le geste, le mouvement et l'œuvre aboutie

 - Formuler une expression juste de ses émotions, en prenant appui sur ses propres réalisations plastiques, celles des autres élèves et des œuvres d’art.

 - Interroger et situer tapisserie et démarches artistiques du point de vue de l’auteur et de celui du spectateur. 

 - La tapisserie, objet d'art contemporain : abstraction, tendances et mode dans l'art mobilier…


Imaginaire / Imaginaire collectif

 - Aborder et comparer diverses formes artistiques de représentation des contes et des légendes.

 - Découvrir la multiplicité de représentations de l’imaginaire, du figuratif à l'abstraction.

 - Entrer dans l’abstraction : différencier œuvre figurative et œuvre abstraite

- Représenter le monde environnant ou donner forme à son imaginaire en explorant la tapisserie.


Arts plastiques

- Notions de symétrie, de contraste, de rythme

- Identifier quelques formes géométriques simples dans les œuvres.

- Décrire une œuvre à partir des éléments de formulation plastique, en distinguant outils, supports, médiums.

- Organisation de la surface de représentation : composition, cadrage, profondeur, plan…

- Explorer divers supports et médiums (tissu, laine, bois, carton, sable…)

 - Variation des gestes (tisser, nouer /peindre, tracer, graver…) et des actions (représenter, répéter, amplifier, simplifier…)

 - Faire le lien entre l’action, le geste, le mouvement et l'œuvre aboutie

Histoire des arts

- Histoire de la tapisserie, la tapisserie d'hier et la tapisserie d'aujourd'hui

- Trace gestuelle du peintre / trace matérielle de la laine de la tapisserie

- Les artistes entre eux : correspondance, influences et relations

- Comprendre ce qu'est une démarche artistique et son évolution

- Appréhender le sens et la portée de l'acte créatif- Apprendre à regarder une œuvre, la situer parmi les autres œuvres de l'artiste ou de ses contemporains.

- Établir une chronologie des mouvements picturaux du XXe siècle

 

L’exposition et le musée 

- C’est quoi un musée, une exposition ?

- Découvrir des œuvres dans leur lieu d'exposition.

-Dispositifs de présentation, muséographie, rapport œuvre/lieu d'exposition…

- Exprimer ses sensations, ses émotions, ses préférences, ses goûts face à une œuvre.

- Découvrir un patrimoine collectif

- Exposer en classe et exposer au musée : ressemblances et différences.

Visiter l’exposition avec une classe

Modalités de visite

- Visite guidée : visite animée par un(e) médiateur(trice) du musée, adaptée aux enfants de chaque âge. 30 minutes pour le cycle 1 (visite guidée en demi-classe pour ce cycle), 45 minutes pour les cycles 2, 3, 4, lycéens et étudiants.

- Visite en autonomie : venez seul(e) avec votre classe en vous appuyant sur le dossier pédagogique et les cartels présents dans l'exposition.


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Renseignements et réservations

Service éducatif
scolaires.museepatrimoine@lodevoisetlarzac.fr
04 11 95 02 16

Ateliers de pratique artistique 

En classe entière, 1h 

- Atelier « Au fil de l’imaginaire » (maternelles à CP): à partir de fils de laine colorés à coller, les enfants donneront libre cours à leur imagination en leur donnant des formes originales sur de petits carrés à assembler. 

- Atelier « Les sens de l’imagination » (cycle 2 et 3): en trois étapes mobilisant l’un de leur sens (ouïe, toucher puis odorat), les élèves seront amenés à créer une œuvre poétique mêlant fils de laine, coloriage et écriture de mots. 

Le travail de Jean Lurçat (1892-1966) en est un bel exemple. Considéré comme le rénovateur de la tapisserie française, une nouvelle génération de créateurs se regroupe autour de l’Association des Cartonniers de Tapisserie dont il est le fondateur. Son apport à l'art textile est considérable. Il crée un vocabulaire plastique simplifié et travaille avec une palette de couleurs réduite. Lurçat invente aussi un système de numérotation du carton ce qui va simplifier la réalisation du tissage. 

Son œuvre est unique. Ses tapisseries se distinguent par leurs couleurs vives, des compositions rythmées par des pleins et des vides, un univers fabuleux dans lequel les personnages, les animaux, et les végétaux, souvent chargés de symboles, se détachent sur des fonds aux couleurs sombres. 

On retrouve dans cette tapisserie le bestiaire récurrent de son œuvre : chouette, hérisson, porc-épic, insectes volants, bouquetins ou coq. Les animaux sont à l’extérieur ou dans un enclos rouge percé d’ouvertures donnant sur un fond noir. Un homme, situé à gauche observe cette vie trépidante à travers une ouverture. Des plantes, des fleurs se déploient de ci de là. Le rouge-orangé intense de l’enclos contraste fortement avec le fond noir. Ainsi, l’œuvre se situe entre réalité et monde fabuleux. 

Peintre, graveur et graphiste, Bernard Dorny (1931-2015) a enseigné à l’École de la Grande Chaumière et à l’École des Beaux-Arts de Paris. Il a réalisé un grand nombre de livres d’artiste et a souvent collaboré avec des poètes. Dorny développe par ailleurs dans son travail un goût particulier pour les matériaux pauvres : bois flottés, carton ou papiers usagés, et a créé des collages, papiers pliés, bois-reliefs ainsi que de très grands panneaux de bois flottés assemblés. 

On retrouve dans la tapisserie exposée et par son titre Gr n°2 ou Les chemins de grande randonnée,  le thème de la promenade et du chemin cher à l’artiste et qu’il retranscrit par des réseaux de formes. Dorny assemble et superpose des formes découpées et de couleurs différentes. Des bandes vertes et noires, telles des chemins traversent la surface de l’œuvre sur deux masses noires et rouges, séparées par une bande blanche. 


André MASSON (1896-1987), Poursuite parmi les éclosions et les germinations, Laine et soie, teinture synthétique, Mobilier national, 1969-1970


André MASSON (1896-1987), Poursuite parmi les éclosions et les germinations, 1969-1970. Laine et soie, teinture synthétique H 2,98 x 4,35 m
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À Lodève

En 1964, un atelier de tissage de tapis est implanté à Lodève afin de proposer une insertion professionnelle à des femmes de Harkis. Deux ans plus tard, André Malraux intègre cet atelier au Mobilier national qui devient alors une annexe de la manufacture nationale de la Savonnerie de Paris. Soucieux de poursuivre l’élan donné à partir de 1960, le Mobilier national et les manufactures restent aujourd’hui au plus près des besoins, des préoccupations, et de l'esthétique de leur temps, en faisant appel à des artistes contemporains. 

Un tapis confectionné à Lodève est présenté dans cette exposition. C’est avec 72 nuances que le dégradé a été réalisé pour retranscrire l’œuvre de l’artiste Nathalie Junod Ponsard (née en 1961). 

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+33 (0)4 67 88 86 10

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1 place Francis Morand
34700 Lodève
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