erric bouret

L'exposition "Eric Bourret, Terres"

Eric bourret, Terres
30 avril - 28 août 2022

Le musée de Lodève consacre sa prochaine exposition à Eric Bourret, photographe marcheur. Les photographies d’Eric Bourret hypnotisent. Ses images, plus de 150 au total, rappellent à la fois les strates successives laissées par le temps et l’éphémère temporalité de l’homme, et font ainsi un écho troublant aux collections géologiques et archéologiques du musée. Les créations, réalisées dans le cadre d’une résidence sur le territoire Lodévois et Larzac en 2018-2019, dialoguent avec des photographies plus anciennes (Cradle of Humankind, Afrique du Sud, 2015 ; Primary Forest, Açores, Canaries et Madère, 2016).

Arts plastiques

La photographie, médium de création
Le mouvement (image vibrante, mouvante, presque animée) – Muybridge
Superposition / stratification (incarner le temps qui passe)
Multiplier, accumuler, répéter
Points de vue / échelles / cadrage à bords perdus
(ciels ou terres, absence d’horizon)
Plein et vide / All-over / abstraction (Hantaï, Pollock)
Noir et blanc / lumière
La trace, l’empreinte, le frottage
Le hasard
Carnet de voyage

Géographie

Le territoire Lodévois et Larzac (lac du Salagou, grands causses et Larzac)
L’Afrique du Sud
La Macaronésie (Açores, Canaries, Madère)

Histoire de l'art

Historique de la photographie
La photographie abstraite
Le temps la photographie et la marche
Référence à la démarche impressionniste
(touche, expérience vécue, optique, sensation, instant)
Land-art
Photographes-arpenteurs du paysage

Littérature

Pierre Parlant
Les auteurs qui parlent de la marche (Giono, Bergson, Lamartine, Rimbaud, Chatwin, Sarah Marquis...)
Carnet de voyage


Eric, Bourret, Lac du Salagou, 2018

L'artiste en quelques dates

Eric Bourret vit et travaille dans le sud de la France et en Himalaya.
1964 : naissance à Paris
Eric Bourret cite plusieurs expériences qui ont agi comme déclencheurs de son travail pendant son adolescence : un séjour autour de l’astrophotographie, des marches dans la forêt de Marly (Yvelines), dans les massifs de la Saint-Baume et de la Sainte-Victoire...
1990 : début de ses marches
2005-2010 : diverses marches sur le territoire du « Cradle of Humankind » en Afrique du Sud, sur la montagne de Lure ou dans le massif de la Vanoise et du Mont-Blanc en France, traversée du Ladakh et du Zanskar en Inde, sur les sites de Pagan et Mrauk U en Birmanie ou encore dans le massif du Khumbu au Népal.
Ses marches donnent lieu à diverses expositions en France, en Afrique du Sud ou au Venezuela.
2010 : exposition « Cradle of humankind » (Arts on Main gallery, Johannesburg)
2015 : participation à la 56ème biennale de Venise
Printemps et hivers de 2016 à 2019 : série de photos en Macaronésie (Açores, Canaries, Madère)
2018 : résidence en Lodévois et Larzac

Eric Bourret, Paris 2017

un photographe marcheur...

Eric Bourret est un « artiste marcheur ». Depuis le début des années 1990, il parcourt le monde à pied, traversant tout horizon à toute altitude, effectuant des prises de vues photographiques qu’il nomme "expérience de la marche, expérience du visible".
Eric Bourret :
"Cela fait 25 ans que j’allie les deux pratiques, marche et photographie. En fait, je ne peux plus les dissocier... "
"En Himalaya ou dans les Hautes-Alpes, la marche invite au dépouillement. La marche peut également être un acte philosophique et une expérience spirituelle. […]  La marche à raison de huit heures par jour engendre physiologiquement une autre attitude à l’espace et une vraie mise en condition. Tant qu’à la fin, je ne sais plus trop si je vois avec les yeux ou avec mon corps. […] "

Polyptyque Larzac 2018

... en relation étroite avec les Paysages

Pour Eric Bourret, sa “manière d’être” au paysage est fusionnelle : il doit être vécu, gravi, éprouvé physiquement et c’est au terme de ce corps-à-corps que naît sa production photographique. Ce polyptique est le résultat de son immersion dans les paysages du Larzac, lieu austère dont la beauté ne se livre qu’après l’effort de la marche : il y règne dépouillement, silence et ascétisme. C'est  l’aspect sauvage de ces terres, leur rugosité inhospitalière qui semble le fasciner.

 La composante primordiale de la démarche artistique d’Éric Bourret est donc l'osmose avec le paysage. La marche en est le mode opératoire privilégié. Cette caractéristique le lie à certains de ces prédécesseurs, modernes ou contemporains. On peut penser à William Turner qui n’a eu de cesse de déambuler le long des côtes britanniques et normandes, captant à l’aquarelle l’instantané de son ressenti. Ou encore aux artistes du Land art utilisant des éléments naturels in situ ou les prélevant pour qu'ils deviennent le médium de leurs œuvres. Il semble aussi proche des artistes de l'art conceptuel comme Hamish Fulton qui se présente comme un « artiste marcheur » et dont les  longues marches sont conçues comme actes performatifs, œuvres en tant que telles, envisagées comme sculptures en mouvement dans les paysages traversés. Comme Fulton, Eric Bourret n’intervient pas in situ et ne prélève aucun matériau dans la nature, mais il matérialise au retour l'expérience de la marche sous des formes photographiques. 

Larzac 1
Grands Causses
Primary Forest 1

une autre réalité

Dans certaines séries d'Eric Bourret (Larzac, Les grands causses, Primary Forest), la luxuriance de la végétation, la blancheur de l'écorce des arbres ou l’évanescence de l'ombre des feuillages sont traitées avec une telle densité que les photographies deviennent presque abstraites, rappelant ainsi l’esthétique de la peinture. Cette photographie plasticienne, celle de la tradition picturale, joue avec les composantes de l’image comme dans une œuvre peinte. La photographie est alors utilisée pour ses qualités purement plastiques. Elle crée des images autonomes qui proposent une autre perception de la réalité.

Eric Bourret met ainsi la technique photographique au service d'une production plastique : il crée des images qui s’inscrivent sans anachronisme dans notre monde actuel. Il les conçoit aussi dans le prolongement des problématiques picturales classiques ou plus contemporaines. Ainsi, les réseaux nébuleux des brindilles qui quadrillent l’image jusqu’à saturation peuvent directement nous renvoyer aux all-over de Jackson Pollock ; les feuillages de Primary Forest au travail de Simon Hantaï et les écorces floues baignées de lumière du sud, à la touche vibrante de l'eau des impressionnistes.

Gouttes de pluie fossile
Cradle of Humankind 9
Salagou 6
Cheval blanc monté

espaces et temps

En 2015, Eric Bourret a parcouru l’un des plus anciens sites d’hominidés, le "Cradle of Humankind" en Afrique du sud, classé au patrimoine mondial de l’humanité.
Dans ce lieu de mémoire universelle, il réalise des clichés du sol, pris à hauteur d’homme. Il met au point un scénario quasi conceptuel, proche du protocole des paléontologues. Tous les 5 à 10 mètres, il s’arrête pour faire ses prises de vues, toujours à peu près à la même hauteur. Et comme les paléontologues, il découpe la surface en une sorte de quadrillage. Pour autant, son but n’est pas scientifique, il ne cherche pas à reconstituer les éléments découverts au cours de sa marche. L’accident, l’imprévu, le ressenti sont assumés par le photographe.

Les photographies d'Eric Bourret interrogent sur les échelles de temps et d'espace tout comme certains objets des collections du musée de Lodève. Dans le parcours sciences de la Terre est présenté un fossile d'impact de gouttes de pluie tombées il y a 290 millions d'années. Ce fossile et les images d'Eric Bourret semblent confronter infiniment petit et infiniment grand, instantanéité et éternité.

mouvement et vibration

Dans la série consacrée au Lac du Salagou, le photographe fait corps avec les éléments. La lumière crue qui se reflète sur l’eau frissonnante, la superposition anarchique des brindilles et feuilles de massettes, les vibrations de la terre dues à l’impact de ses pas, tout est rendu visible quitte à brouiller la lisibilité de l’image. Voici tout le paradoxe de sa démarche.

L’artiste marcheur photographie le paysage au fil de ses déambulations, les images se succèdent et se superposent sur le négatif comme dans sa mémoire. Eric Bourret utilise toujours le même protocole conceptuel précis. Il déclenche 5 à 10 prises de vues du même motif sur le même négatif. Plutôt que de s’écraser, les images se surimpriment et additionnent les fractions du temps créant un « feuilleté temporel ». Mouvantes, ces images incarnent l’âme du lieu. Elles laissent un souvenir, une impression vivante, celle d’une immersion dans le paysage.

Ce protocole peut se placer dans la lignée d'autres photographes, comme le français Étienne-Jules Marey ou encore le britannique Eadweard Muybridge, qui utilisaient la photographie pour décomposer le mouvement et, donc le temps, notamment à des fins scientifiques d'analyse de la marche humaine ou animale.

thèmes et Pistes pédagogiques

Philosophie

La marche (Diogène Marcher c'est penser | Les Echos )
Présence / absence de l’humain / solitude
L’homme et la nature (miroir) / condition humaine
Le temps (instantané / vie humaine / millions d’années)
Universalité
Environnement
Le hasard
La mémoire
Le visible / l’invisible (Merleau-Ponty)
La ou les réalités (montrer le monde tel qu’il est ou autrement)

Sciences

Optique (mécanisme de la photographie, champ de vision, perception...)
La recherche et l’analyse des traces (archéologie et paléontologie)
Stratification (géologie)
Les paysages dont sont extraits les fossiles
Forêt primaire (forêt du Carbonifère)
Apparition de l’espèce humaine
Le mouvement perpétuel (du mouvement de l’homme à la dérive des continents)
Les quatre éléments et leurs traces (air, terre, eau, feu)

Le musée / l'exposition

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