Ce double portrait de femme a probablement été peint à Château-Thierry où le peintre passe tous ses étés à partir de 1901 dans la maison de son cousin Jules Maciet. Il évoque la fluidité des pastels dont Aman-Jean est devenu un virtuose. Il en conserve en tous cas une légèreté, une saisissante souplesse et un éclat maîtrisé renforcé par l’opposition des tonalités sombres et claires et par la sinuosité des robes portées par les deux jeunes femmes. L’une semble faire la lecture à l’autre, la seconde, le regard dans le vide porte en elle une mélancolie appuyée par la rose qu’elle tient dans sa main droite. Le peintre nous livre dans ce tableau comme souvent à cette période, un “songe de femme” plus qu’un portrait de femmes et ces dernières “incarnent, derrière le voile pudique de l’étoffe, des cheveux et de la carnation, le cheminement secret et sans cesse changeant d’un artiste qui s’interroge.” (Anonyme, in Art aujourd’hui, 2004, à l’occasion de l’exposition consacrée au peintre par le musée de la Chartreuse de Douai).