De ses débuts symbolistes des années 1880, Henri Martin conserve un attachement à la nature qu’il peint teintée de spiritualité et magnifiée par une touche libre et lumineuse. L’achat en 1899 d’une résidence à Labastide-du-Vert dans le Lot, marque son abandon pour les sujets symbolistes et sa fascination pour les paysages environnants. Henri Martin est avant tout un paysagiste qui peint sur le motif. La figure humaine ne l’intéresse que lorsqu’elle est en harmonie avec le monde, intimement liée à la nature. Cette Jeune fille assise fait figure de transition entre la phase symboliste du peintre et ses œuvres de maturité. Derrière ce portrait apparaissent en fond les collines de Labastide-du- Vert. Si l’artiste a pour habitude de ne pas dater ses œuvres, le personnage féminin reste néanmoins identifiable et nous permet de dater la toile. En effet, la posture tête baissée n’est pas sans rappeler celle d’une jeune fille placée au premier plan du premier panneau “Le travail l’Aube” du triptyque qu’Henri Martin réalise en 1904 pour la Caisse d’Epargne de Marseille. Le profil est inversé, mais les silhouettes sont identiques, parées d’une robe rose pastel ornée d’un petit volant à hauteur des épaules. Cheveux bruns tressés en arrière, couverts d’un chapeau aux larges bords, la jeune fille est tantôt pensive ou lisant. Agrémentée de rubans à la taille et sur le couvre-chef, sa tenue prend une allure bourgeoise sur le panneau. Le visage longiligne est propre aux figures féminines peintes par l’artiste dans sa période symboliste. Il évoque, peut-être, celui de son épouse aux traits fins et allongés qu’il a maintes fois représenté.