Il s’agit d’une étude pour l’une des plus importantes commandes de la carrière de l’artiste, destinée à décorer la salle de l’assemblée générale du Conseil d’État au Palais Royal. Henri Martin décide de concevoir cette salle comme une véritable somme et de décrire en quatre vastes panneaux La France laborieuse se présentant devant le Conseil d’État. Il se propose d’y symboliser le travail “sous toutes ses formes”.
Pour le travail industriel, le peintre choisit le cadre somptueux de la Place de la Concorde, proche du Conseil d’État, afin de décrire le travail familier et presque quotidien des terrassiers. Grâce à une technique très sûre, il laisse l’arrière-plan dans un flou doucement irisé et capte sur les façades des monuments, la teinte grise de Paris. Le fond, un peu monotone, est ponctué de verticales (l’Obélisque, les réverbères), ou de formes plus ramassées (fontaine). Piétons et voitures traités de manière floue, circulent. Les paveurs, presque tous de taille égale et regroupés, constituent le sujet principal du panneau et soulignent le caractère collectif de leur tâche.
Leur travail, plutôt artisanal qu’industriel, est réalisé grâce aux divers outils : pioches, brouettes, marteau- piqueur. La lumière venant de la droite, frappe le dos des ouvriers. Le peintre “transforme les pavés parisiens en autant de chrysanthèmes attirant la lumière, en autant de monticules bourgeonnants. Il semble que, tels des laboureurs, ces terrassiers retournent le sol de la ville en mottes boursouflées, délicatement multicolores...” (Claude Juskiewenski). Plusieurs versions de cette étude sont connues dont une conservée au musée des Beaux-Arts de Bordeaux.