La maison que loue Henri Le Sidaner à partir de 1901 à Gerberoy (Oise) et qu’il achète en 1904, va devenir sa source principale d’inspiration. Autrefois habitée par des religieuses, elle ne possède à l’origine qu’un verger qui deviendra plus tard le premier jardin monochrome du peintre : le jardin blanc. Au fur et à mesure des années, Le Sidaner acquiert diverses parcelles sur les ruines du château-fort et crée des jardins monochromes ; le jardin blanc, la roseraie avec son atelier d’été, et le jardin jaune et bleu où il édifie le Temple de l’Amour, réplique de celui qui se trouve au Petit Trianon à Versailles. Cet environnement enchanteur inspire au peintre une œuvre prolifique s’exprimant notamment au travers de nombreuses natures mortes. Comme dans ses jardins, une couleur prédomine souvent ces compositions qui mettent en scène dans un extérieur, une table avec des objets et des chaises. Rien ne semble bouger ici. Bien que fortement suggérée par les fruits placés sur la table, par l’assiette, par le verre à moitié bu ou encore par l’écharpe blanche délicatement posée sur la chaise, aucune présence humaine ne vient troubler la scène. Le Sidaner crée ainsi le sentiment de quelque chose qui se passe en dehors de l’image mais qui ne peut être perçu. La mélancolie de la représentation est renforcée par la sensation d’une nuit tombante. Le choix équilibré des couleurs, délicates taches de vert, de rose, de gris et de mauve rehaussées de temps en temps de touches or, confère au tableau un aspect pastel correspondant parfaitement à l’aspect rêveur que poursuit délibérément le peintre.