Hérité de l’impressionnisme, l’usage de la touche qui a tant fait merveille dans l’art du paysage, s’avère sous le pinceau d’Ernest Laurent, aussi plaisant dans le domaine du portrait. Sa manière a su séduire une clientèle désireuse de découvrir, à travers le voile léger des lignes brisées et des couleurs superposées, une image de sa personnalité. Contrairement à Portrait de jeune femme (1917, Tokyo, Musée national d’art occidental) dont il est très proche au niveau de la composition, le peintre, sensible à la timidité du modèle qui n’a pas voulu se dévoiler, laisse ici le regard de son modèle flou.
Plus que de définir, Ernest Laurent suggère. Grâce à un tourbillon de touches, il enveloppe son modèle dans un environnement de feuillages et de fleurs. Les pointes rouges se font écho dans l’un comme dans l’autre et créent ainsi des “correspondances étroites et cependant discrètes [qui] se devinent entre la santé de la nature et celle de la jeunesse. Le soleil demi- voilé qui baigne cette double vie, animale et végétale, volatilise les ombres et les lumières : une idéalisation dissimulée nous entraîne jusqu’au lyrisme et jusqu’au rêve.” (Paul Jamot)