Lucien Simon découvre en 1892 le petit port de Bénodet près de Quimper et passe dorénavant ses vacances en Bretagne. En 1902, il achète le sémaphore désaffecté de Sainte-Marine de l’autre côté de l’Odet et y séjourne plusieurs semaines chaque année, se promenant dans le pays bigouden, assistant aux mariages et aux pardons, observant les paysans ou les pêcheurs.
L’un de ses lieux préférés est une petite chapelle de pèlerinage, bâtie au bord de la mer à Penmarc’h, entre le port de Saint-Guénolé et le phare d’Eckmühl. Cette chapelle, dédiée à Notre-Dame-de-la-Joie, est célèbre pour son pardon que le peintre ne manque jamais. Cette fois, le peintre s’est intéressé à la récolte des pommes de terre dans les champs à proximité de la chapelle. L’artiste choisit de présenter les différentes étapes de la récolte des pommes de terre depuis l’arrachage jusqu’à l’emballage et au transport.
Au premier plan à droite, des femmes arrachent les fanes avec des houes. Sur la gauche, une paysanne met les pommes de terre dans un panier. Au plan intermédiaire, d’autres femmes remplissent de grands sacs de jute et enfin, les hommes portent les sacs en ployant sous leurs poids vers les charrettes situées au dernier plan. L’homme enjambant le sillon, le rocher penché et la direction des sillons, créent une diagonale qui fait porter le regard vers le fond de la scène. Tous les corps sont baissés, courbés, ployés, sauf celui de la jeune femme qui un instant interrompt son labeur. Son ruban rouge vif qui flotte au vent attire l’œil. On a l’impression que le peintre est encore présent, comme s’il avait posé son chevalet devant la scène et que seule la femme debout qui se retourne s’est aperçue de sa présence et le regarde, ou nous regarde.