Né d’un père mexicain et d’une mère anglaise, Antonio de La Gandara devient au contact du comte Robert de Montesquiou qu’il rencontre en 1885 et qui s’active à le faire connaître auprès de l’aristocratie, le maître de la peinture mondaine de la Belle Époque. Inspiré par les œuvres de Goya, Ribot et Vélasquez, le peintre “sait trouver dans l’apparat des costumes modernes, toute la suprême, fastueuse et colorée splendeur des types de ses aînés, augmentée d’un cachet de gravité et de distinction...” (Mariani). Ses modèles, sveltes, aux corps allongés ont quelque chose de la “grâce anglaise des ladies du temps de Reynolds et de Gainsborough.” (Mariani). Le cadrage étroit sur un arrière-plan sombre, presque systématiquement adopté dans ses portraits, accentue le physique longiligne des figures. La fluidité des étoffes et le raffinement des tonalités servent le modèle tout comme l’expression artistique du peintre.
“(...) L’être peint par La Gandara abandonne à peine l’ombre qui l’engendra. La lumière commence au bord du cadre vers lequel il s’avance. Il est encore baigné du demi-jour, il en rejette le mystère derrière lui, négligemment, comme un manteau, et il lui faudrait faire un pas de plus pour qu’il fût éclairé comme nous-mêmes. Il vit dans une atmosphère picturale qui n’imite pas la réelle, mais la transpose, la concentre et en dégage l’élément du mystère et de douceur. Il émane d’une ombre psychologique dont il est presque une solidification silencieuse” note Camille Mauclair dans L’Art décoratif en 1901. Il s’agit dans ce portrait de la fille de l’artiste, Judith Floria Tosca, qui a épousé l’écrivain Johannès Gravier.