Violaine Laveaux, Lièvre

L'exposition "Métamorphoses, Violaine Laveaux dialogue avec Paul Dardé"

Exposition à partir du 29 avril 2023

Présentation de l'exposition

Métamorphoses est une double exposition placée sous le signe de femmes mythiques : la gorgone Méduse et Lady Macbeth.

A l’occasion des 60 ans de la mort de Paul Dardé, le Musée de Lodève a donné carte blanche à Violaine Laveaux pour dialoguer avec l’œuvre du sculpteur. La plasticienne, fascinée par la figure de Méduse, propose une déambulation sensible et ludique entre des installations végétales et minérales. Un deuxième espace d’exposition présente les dessins puissants que Paul Dardé a consacré à Macbeth.

Violaine Laveaux
Violaine Laveaux Lièvres

Violaine Laveaux, Lièvre

Violaine Laveaux et la céramique


Grès, faïence, porcelaine font partie des matériaux de prédilection de Violaine Laveaux. Elle aime le rapport au temps et à la matière qui s’instaure dans le travail de la terre, ses exigences et ses contraintes. Depuis des années, l’artiste invente sa grammaire de formes. Elle en étudie les textures, les volumes, les contrastes et les densités. Elle aime faire par elle-même, et les contraintes qui lui permettent « d’aller plus loin dans [son] travail »

Imaginant en étapes successives la métamorphose de la gorgone, elle a créé pour l’exposition sa propre cosmogonie visible à travers un grand nombre d’objets : bols, chaussures, lapins, oiseaux, végétaux… Elle y déroule le fil d’Ariane des mémoires d’enfance entre mythologie et contes, et dresse un inventaire qui s’apparente à une cartographie poétique.

 

Pour certaines des pièces, elle a fait le choix de jouer la carte des métamorphoses, de passer du végétal au minéral. Elles sont fabriquées à partir de matériaux récoltés (branches, brindilles, herbes) et d’éléments naturels (pigments, encre, cire, talc, charbon, paraffine).

Du point de vue technique, elle les réalise par trempage successif dans de la porcelaine papier liquide. C’est un travail long et délicat : trouver la bonne consistance, le blanc qui convienne, alterner passages au pinceau et trempage, patienter durant le séchage et accepter les déformations subies durant la cuisson. A 1280 degrés, le végétal brûle, reste donc une mémoire pétrifiée : « J’y retrouvais le pouvoir du regard de Méduse. Au cours de mes déplacements, j’ai récolté des chardons séchés en bord de route, j’en ai trouvé aussi aux abords de la maison-atelier de Dardé à Saint Maurice. J’ai conservé aussi les tiges des tomates grappes consommées durant l’été ».


Histoire de la céramique

Des azulejos portugais aux bols à thé japonais en passant par les santons de Provence, les objets en céramique sont partout autour de nous. On en retrouve dans le monde entier et à toutes les époques. Le mot « céramique » désigne des objets qui sont tous fabriqués à partir de terre glaise molle que l’on appelle argile puis qui sont soumis à une cuisson durcissant le matériau. C’est d’ailleurs le premier « art du feu » inventé au Néolithique avant le travail du verre et du métal. Depuis cette période, les hommes en ont toujours façonnés, ce sont leurs créations les plus abondantes.

La céramique est apparue en même temps que l’agriculture entre 8 et 10 000 ans avant notre ère. Au Néolithique, l’homme se sédentarise et commence à cultiver la terre. Il a de nouveaux besoins : conserver les récoltes, transporter et cuire les aliments. C’est ainsi que les récipients naturels sont remplacés par des objets fabriqués. Il y a 5000 ans environ, apparaissent les premiers tours de potiers en Égypte, au Moyen-Orient et en Asie. Ils servent à confectionner des récipients ronds de manière plus efficace.


On peut classer les céramiques en deux grandes familles : les poreuses (terre cuite, faïence) et les vitrifiées (grès, porcelaine). Toutes les céramiques sont le résultat de composants, de techniques ou de modes de cuisson différents. Elles ont émergé au fil du temps dans diverses parties du monde. Les premières glaçures, par exemple, apparaissent déjà durant l’Égypte ancienne. En Europe, à partir XIVe siècle, cette technique évolue avec l’utilisation de températures beaucoup plus hautes, ce qui permet de mieux la maîtriser. L’utilisation du grès se développe au XVIe siècle et le secret de la porcelaine dure est découvert en Saxe en 1709, plusieurs siècles après son invention en Chine. Aux XVIIIe et XIXe siècles, ce sont les grandes fabriques du Limousin qui produisent l’essentiel de la vaisselle. Certains de ces objets usuels se retrouvent parfois dans les musées. C’est le cas des plats, vases et autres œuvres de Bernard Palissy, artiste du XVIe siècle. Ses céramiques décoratives déviées de la céramique vernissée populaire sont ornées de fruits, feuilles, reptiles et autres éléments naturalistes en relief.

Principales étapes de fabrication

Toutes les céramiques ont des éléments en commun : leur matière première, l’argile, et trois étapes de fabrication indispensables (façonnage, décor et cuisson). Issue de la décomposition de diverses roches, l’argile se trouve dans la nature, un peu partout dans le monde. A l’état pur, elle est blanche mais dans la nature elle contient d’autres matières qui la colorent en gris, rouge, ocre,… Cette matière est préparée, mélangée à un dégraissant pour ne pas qu’elle se fissure et malaxée pour enlever les bulles d’air, avant d’être façonnée. Plus la pâte est fine, plus sa préparation, sa réalisation et sa cuisson sont délicates.

Le décor peut être réalisé au moment du façonnage ou après la cuisson : il peut être peint, incisé, estampé, découpé ou encore taillé. La cuisson est la troisième étape : c’est le moment où la pâte devient une autre matière et se transforme en poterie, faïence, grès ou porcelaine. Les poteries et les grès subissent une seule cuisson alors que les faïences dites de grand feu, les poteries vernissées et la porcelaine nécessitent deux cuissons, une pour durcir la pâte et l’autre après la pose de la glaçure ou de l’émail qui leur donnent ce caractère imperméable. Enfin, il faut trois cuissons pour la porcelaine décorée et la faïence de petit feu.

Lexique

- Céramique : terme générique qui désigne un large éventail d’objets réalisés à base d’argile et cuits à des températures plus ou moins élevés : terre cuite, faïence, grès, porcelaine, etc…

- Faïence : céramique à pâte argileuse, tendre et poreuse qui est recouverte d'un enduit imperméable et opaque.

- Glaçure : enduit posé sur une céramique afin de la rendre imperméable.

- Grès : céramique dont la pâte contient une grande quantité de silice et supporte des températures de cuisson élevées. Elle est partiellement vitrifiée par la cuisson.

- Porcelaine : céramique dont la pâte est vitrifiée dans la masse ce qui la rend imperméable. Elle est réalisée à partir de trois roches dont le Kaolin.

- Porcelaine papier : pâte dans laquelle est ajoutée de la fibre de papier.

- Poterie : objet en terre cuite fabriqué à partir d’argile dont l’usage est domestique et culinaire.

Paul Dardé et l’illustration 

60 ans après sa mort, Paul Dardé laisse une œuvre monumentale, tant par la dimension de certaines de ses œuvres et son utilisation de l’espace, que par les traits hiératiques de ses portraits. Riche de près de 600 sculptures et d’environ 5000 dessins, la collection Paul Dardé fait du Musée de Lodève l’institution de référence pour la production de cet artiste. 


Pour en savoir plus, télécharger le dossier pédagogique du parcours « Mémoire de Pierre » du musée (pdf 8Mo)

Paul Dardé Macbeth

Sculpteur, Dardé était également un grand dessinateur. Le dessin donne naissance à ses sculptures, comme il l’explique :  « Généralement, je prends une feuille de papier et une plume, et je cherche mon sujet, je dessine. [...] Je le vois apparaître petit à petit. Ce n'est pas encore ça, je continue. Puis un beau jour, je le tiens. Alors je vais dans la campagne , j'arrache un bloc de pierre, je le porte dans mon atelier et, à grands coups de marteau, je taille ». Mais Dardé dessine aussi pour illustrer des œuvres qui le touchent et c’est cet aspect de son travail qui est présenté cet été en parallèle de la carte blanche donnée à Violaine Laveaux.

Le second espace d’exposition présente les fabuleuses illustrations de Macbeth, tragédie de Shakespeare, que Paul Dardé réalise en 1931. Fortement inspiré par ses lectures de jeunesse à la bibliothèque de Lodève, Dardé trouve dans Shakespeare et notamment dans la pièce Macbeth, la charge tragique et héroïque à même d’inspirer son trait sûr et puissant. 

Lady Macbeth, femme métamorphosée par sa quête du pouvoir, y occupe une place de choix. Les sorcières de Macbeth donnent également lieu à des dessins savoureux, tour à tour espiègles, grinçants ou noirs.

Probablement destinés à l’origine à une édition, les plus de 500 dessins aujourd’hui conservés par le musée sur ce thème – collection récemment enrichie grâce à un don très important de Michel Caubel – ont été réalisés par l’artiste autour de 1931. Ce dernier illustre scrupuleusement le texte, acte par acte, scène par scène, et en intègre des extraits dans ses œuvres.

Paul Dardé, Lady Macbeth

Paul Dardé, Lady Macbeth, Acte I, Scène VII

Paul Dardé, Macbeth, "Quel est ce bruit ?", Acte V, Scène V

Réalisés à l’encre de Chine, au lavis, parfois rehaussés à la gouache, les dessins présentés ont bénéficié entre 2014 et 2019, d’une importante campagne de restauration.

L’illustration 

Une illustration est une représentation visuelle de nature graphique, picturale ou photographique qui sert à répéter, amplifier, compléter, décrire ou prolonger un texte. Elle peut avoir diverses fonctions (informative, représentative, esthétique, d'étayage, d'apprentissage…) et ses fonctions sont souvent superposées.

On associe souvent l'illustration au livre, à la littérature en général, et aux albums destinés au jeune public, en particulier (Littérature de jeunesse, BD…) mais elle est présente dans de nombreux autres domaines (presse, enseignement, architecture, cartographie, publicité, jeu, code de la route, mode d'emploi, cuisine, mathématiques, biologie, sciences physiques...)

L'illustration existe depuis l'écriture (civilisations antiques) et a traversé les temps. Mais on peut dire qu'elle suit le développement du livre et sa démocratisation. D'abord très liée à la gravure, elle se développe vraiment à partir du XVIIe siècle, et connaîtra un deuxième souffle avec l’émergence de la photographie au XIXe siècle.

Réflexions et pistes pédagogiques


La Gorgone et Lady Macbeth : contes, récits, légendes et mythologie 

- L'héritage des mondes anciens, du mythe à l'histoire... : le monde des cités grecques ou romaines 

- Mythologie, mythes et traditions : récits fondateurs et croyances dans la Méditerranée antique

- Les représentations des Gorgones, de Méduse…

- Métamorphose : définition et exemples majeurs


La céramique

- S’ouvrir à la diversité des pratiques de la céramique et à ses fonctions

- Faire repérer les matières, les matériaux, les outils, les techniques et les couleurs de la céramique 

- Représenter le monde environnant ou donner forme à son imaginaire sur un objet en céramique... Prendre en compte sa forme, sa matière, sa fonction et les effets induits par ce support

 -Expérimenter des productions engageant différentes techniques de modelage (modelage direct, colombins...)

- La céramique d'hier et la céramique d'aujourd'hui 

- Céramique et Méditerranée : les civilisations du bassin méditerranéen

- Construire un exposé sur un petit ensemble d’œuvres, une technique de décor ou un artiste céramiste (histoire de la céramique, la céramique antique ou du 20ème siècle, la céramique d'Amérique du Sud, le décor de la céramique…)



L'illustration

- La narration et le témoignage par les images : réaliser des productions plastiques pour raconter ou témoigner, transformer ou restructurer des images, articuler texte et image à des fins d'illustration

- Mettre en relation des illustrations ou transpositions visuelles (dessin, peinture, photographie, film...) de Macbeth de diverses époques et souligner le propre langage de chacune.

- Écrire, inventer un court récit, à partir des illustrations de Dardé


L'exposition et le musée

- S’ouvrir à la diversité des pratiques et des cultures artistiques

- Repérer, pour les dépasser, certains a priori et stéréotypes culturels et artistiques

- Identifier quelques caractéristiques qui inscrivent une œuvre d’art dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique, contemporain, proche ou lointain

- Décrire des œuvres d’art, les interroger à l’aide d’un vocabulaire spécifique et en proposer une compréhension personnelle argumentée

- Un musée, une collection, une exposition ? Définitions

- Exposer, c’est quoi ? Exposer en classe et exposer au musée : ressemblances et différences

- La muséographie de l'exposition : parti pris, choix et idées de l'artiste

VL vase

Violaine Laveaux, Les jarres serpents

Consciente de cette expérience, l’artiste comprend l’enfance – et pas seulement la sienne – comme le terreau fertile qui nourrit l’imagination : « C’est ce qui nous construit, je travaille avec car c’est impossible de faire autrement ».

Ainsi, de tout temps, Violaine Laveaux crée, dessine, assemble, à tel point qu’elle sait très tôt que son chemin de vie, c’est le dessin et l’art. Étudiante aux beaux-arts, elle se passionne pour l’art antique, dessine ou modèle des visages, des parties d’anatomie, autant d’éléments qui permettent de donner corps aux histoires fantastiques des contes et légendes. Mais jamais ne la quitte non plus son attrait pour le végétal : « Je me souviens d’une promenade en forêt durant laquelle je suis tombée en arrêt devant la perfection du dessin d’une feuille de chêne ».

Comme Dardé, Violaine Laveaux utilise donc le dessin pour retranscrire cette perfection qui trace un « espace dans le vide ». Le modelage qui, à l’inverse, produit « du plein, de la forme, du volume ». Quant à la couleur, il y a prioritairement les blancs : les blancs qui sont les espaces vides entre les traits, et les blancs qui recouvrent les modelages, teintés, irisés, rouillés, mats ou brillants, assombris parfois jusqu’au noir. 

Dans son processus créatif, sont apparues des figures animales ambivalentes, celles qui sont divinisées dans une culture et diabolisées dans une autre : le corbeau, l’ours, le loup, le lièvre. Ce bestiaire entre dans le vocabulaire de l’artiste et se retrouve sous forme de dessins ou de sculptures. Ces figures animales ambivalentes, isolées ou jointes à d’autres, sont intégrées dans ce monde où tout est en liaison.

La conception d’une exposition procède de la même réflexion : les œuvres sont installées pour être reliées entre elles et former un territoire dont le sens est révélé – ou construit – par la déambulation du spectateur.


Violaine Laveaux, Oiseaux

Violaine Laveaux, La lune blanche, 42 corbeaux

Violaine Laveaux

La plasticienne Violaine Laveaux travaille essentiellement sous forme d’installations. Elle aime déjouer les contraintes du lieu, privilégier le regard. Sculptures végétales et minérales (grès et porcelaine), dessins, photographies de Violaine Laveaux feront écho à un choix de sculptures et de dessins de Paul Dardé. Ainsi, elle a choisi la figure de la gorgone Méduse : celle sculptée par Paul Dardé (conservée au musée d’Orsay) et celle que les botanistes appellent « Gorgonion », plante déjà évoquée par Pline et décrite comme remède aux morsures de serpents et aux ruses des démons.... Mythologie et botanique se trouvant ainsi intimement liées, la présence du végétal, du minéral et du monde animal s’est imposée à l’artiste.

L’art de Violaine Laveaux se nourrit sans cesse de plongées vers l’enfance, moment de toutes les découvertes et de toutes les audaces. Fille de marin, elle a passé des mois et des années dans l’attente de son père dont elle imaginait les périples autour du monde. Une figure de l’Ulysse, perpétuel absent et qui à chaque apparition rapportait des graines, des plantes, des objets d’un autre continent. Et elle, petite Pénélope, vivait dans le jardin, sur les grèves, fabriquant avec des brindilles, des cailloux, des coquillages ou de petits squelettes d’animaux, des cosmogonies à son échelle.



Visiter l'exposition avec une classe


Modalités de visite

- Visite guidée : visite animée par un(e) médiateur(trice) du musée, adaptée aux enfants de chaque âge. 30 minutes pour le cycle 1, 45 minutes pour les cycles 2, 3, 4, lycéens et étudiants.

- Visite en autonomie : venez seul(e) avec votre classe en vous appuyant sur le dossier pédagogique et les cartels présents dans l'exposition.


Ateliers de pratique artistique

- Maternelles et CP : « Zoom », construction d’une série d’illustrations autour de l’éloignement progressif d’un objet qui se dévoile d’image en image. 

- Classes de primaire : « Une histoire en images », construire une narration simple par la BD et un système de vignettes. 

- Collégiens : « C’est moi l’illustrateur », construire une narration à plusieurs et l’illustrer sous la forme d’une BD


Renseignements et réservations

Service éducatif

scolaires.museepatrimoine@lodevoisetlarzac.fr 

04 11 95 02 16

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+33 (0)4 67 88 86 10

adresse postale
1 place Francis Morand
34700 Lodève
France

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